Quantcast
Channel: Moonraker
Viewing all articles
Browse latest Browse all 4

Les Promesses de l’Espace

$
0
0

Marqué par le désir de l’atteindre, de le connaître et de l’appréhender progressivement, le XXe siècle fut incontestablement le siècle de l’Espace. Il fut également celui d’une industrie culturelle florissante qui allait s’exprimer entre autres par la multiplication de manifestations culturelles destinées aux loisirs d’un large public. Que nous dit l’histoire des expositions temporaires sur notre histoire avec l’Espace ? Quels discours à quelles époques ont été portés par des organisateurs culturels vers le grand public ? Quel récit de l’aventure spatiale nous a été conté par ces chroniques culturelles au cours du XXe siècle ?

Cet ensemble de questions a été posé par l’Observatoire de l’Espace à l’occasion des dernières Journées du Patrimoine organisées au Centre National d’Études Spatiales à Paris. Quinze expositions ont ainsi été sélectionnées pour être partiellement reconstituées à partir de documents d’archives, d’œuvres ou de reproductions iconographiques1. Pour chacune d’entre elles, ces échantillons d’expositions permettaient de rejouer l’intention de la manifestation son contexte de production.

Visuel de l'exposition "Les Promesses de l'Espace"

Vue de l'exposition "Les promesses de l'Espace". Photographie de l'Observatoire de l'Espace

Chacune des expositions présentées fut sélectionnée en réponse aux exigences suivantes : la manifestation devait être temporaire, destinée au grand public et révélant un propos nouveau et marquant par rapport à celles qui l’ont précédées. Nul besoin en effet de rejouer toutes les expositions présentant l’Espace comme vecteur de progrès ou toutes les manifestations soulignant la source d’inspiration immense que l’aventure spatiale représente pour les artistes. On notera cependant que les manifestations européennes et surtout françaises ont été retenues par facilité de documentation.

Cette proposition est cependant l’occasion de revenir sur les grands acteurs et discours qui ont accompagné l’aventure spatiale occidentale. La chronologie de ces expositions-spatiales nous raconte une histoire qui met parfois l’accent sur l’aspect technologique et scientifique de la recherche spatiale, sur son caractère politique, idéologique, artistique, voire encore parfois sur sa capacité à nous divertir.

C’est ainsi qu’en guise d’introduction, l’univers forain et la vision pittoresque de l’Espace qui prévalait au début du XXe siècle sont évoqués. Des pièces de manège et divers documents d’archives, accompagnés de la projection du film Un voyage dans la Lune lui-même empreint d’une certaine esthétique burlesque, dressent le tableau d’une époque. Depuis l’exposition Panaméricaine de 1901, le Voyage dans l’Espace compte parmi les attractions à succès des parcs de divertissement qui se développent. A plus petite échelle, chaque parade, nouveau manège ou carnaval de rue met en scène une fusée animée et d’étranges habitants venus des autres planètes. L’époque toute entière est marquée par les parutions des ouvrages de Jules Verne et de H.G.Wells qui inspirent l’industrie du divertissement et l’Espace devient le nouveau décor de spectacle pour des mises en scènes toujours plus féériques. Le spectateur ou le visiteur est invité à participer à une nouvelle aventure festive, à la découverte des nouveaux mondes de l’Espace.

C’est dans le même esprit que se prépare la grande attraction du Pavillon de l’Optique pour la grande exposition parisienne de 1900. Sur le thème Le bilan d’un siècle, cette cinquième Exposition universelle ouvre ses portes le 14 avril. La Tour Eiffel, le Grand Palais, le Petit Palais, la première ligne de métropolitain ou encore les gares de Lyon et d’Orsay sont construits pour l’occasion. L’électricité à peine découverte est largement utilisée, de grands dispositifs de projections cinématographiques sont installés un peu partout tandis que les visiteurs flânent sur un trottoir roulant nommé modestement la “Rue de l’avenir”. Le rêve de l’Espace n’échappe évidemment pas au bilan de cette époque imprégnée des livres de Camille Flammarion et des discours de François Arago. La France, alors en avance en matière d’astronomie, veut profiter de l’occasion pour présenter son savoir-faire et ses récentes découvertes technologiques. Une première attraction, Le Globe Céleste, était conçue pour des « astronautes de
fauteuil » : les spectateurs assis découvraient de grands panoramas du système solaire. Cependant, une seconde attraction appelée familièrement La Lune à un mètre avait particulièrement attiré l’attention de la presse. En collaboration avec l’Observatoire de Paris et les manufactures de précision optique, le député Deloncle avait décidé que le plus grand télescope jamais construit devait être imaginé pour être installé dans le Palais de l’Optique, lui-même construit pour la circonstance. Pourtant, l’enthousiasme fut de courte durée et l’attraction devint vite la risée de Paris. Aucune forme distincte ne pouvait être perçue par l’œil de cette grande lunette. L’Espace, alors, ne tint pas ses promesses…..

Dans les premières décennies du XXe siècle, l’astronautique devient le sujet principal des recherches qu’effectuaient Hermann Oberth en Allemagne, Robert Goddard aux Etats-Unis ou Konstantin Tsiolkovky en Russie, tous les trois pionniers des théories sur le vol habité et des premiers dessins techniques des fusées modernes. Loin de l’image spectaculaire précédemment donnée à l’Espace, une exposition intitulée Machines et mécanismes interplanétaires est inaugurée à Moscou en 1927 et qui leur rend en partie hommage. Organisée sans autorisation par le groupe des inventeurs-inventistes2, elle est aujourd’hui considérée comme la première exposition mondiale sur le thème du voyage interplanétaire car malgré son statut officieux, cette manifestation ouverte à tous attira un grand nombre de visiteurs curieux de découvrir les travaux contemporains sur le voyage spatial.

Si les travaux des pionniers de l’espace étaient largement mis en valeur, la réelle particularité de cette exposition est d’avoir mêlé ces auteurs pragmatiques et scientifiques à des travaux plus philosophique de la même époque. Les écrits de Nikolaï Fedorov sont en effet très présents dans l’exposition ainsi que les recherches contemporaines sur les langues universelles et la langue cosmique développée depuis 1920 par un certain Tsiolkosky. Tout l’intérêt de cette exposition semble avoir été de montrer qu’en 1927, les utopies de l’aventure spatiale se mêlaient aux recherches techniques et fabriquaient ensemble une vision encourageante de l’avenir spatial.

Quinze ans plus tard, l’exposition Fusées et astronautique est organisée à Stuttgart à l’occasion du Premier Congrès international d’Astronautique. Ses organisateurs semblent inscrire leurs préoccupations dans la lignée de leurs prédécesseurs russes : présenter les dernières recherches en astronautique et démontrer l’imminence du vol dans l’Espace. Pourtant en 1952, la démonstration prend des allures plus pragmatiques et plus raisonnables. L’exposition est en effet organisée par des professionnels de l’astronautique et dans le contexte d’une réunion de chercheurs, c’est donc l’aspect scientifico-technique qui fut principalement mis en exergue. Avec le recul que nous avons, les modèles d’engins et de combinaisons d’astronautes qui étaient présentés en 1952 nous paraissent pourtant désuets et certaines visions figuratives de l’Espace semblent très illustratives. Ils représentent néanmoins les recherches les plus abouties de l’époque ainsi qu’une certaine manière de visualiser les connaissances astronomiques.

La décennie 1950 sera particulièrement importante dans l’histoire de l’astronautique et dans l’histoire de ses mises en scène culturelles car en pleine époque des Trente Glorieuses, la science et la technique sont considérées comme les facteurs du progrès économique et social. À la fin des années 1950, tandis que le signal de Spoutnik I se fait entendre au monde entier, l’organisation de l’Année géophysique internationale (AGI) place donc l’étude de la Terre et de son environnement au cœur des recherches mondiales. Ainsi, les découvertes entourant l’aventure spatiale ne sont plus encouragées par les seuls spécialistes, les grands organismes et institutions publiques s’en emparent pour l’habiller de nouvelles promesses.

L’exposition internationale La Terre comme planète, organisée par le Département des sciences exactes et naturelles de l’UNESCO à partir de 1957, compte parmi les manifestations emblématiques de cette période. L’UNESCO se démarque en effet en mettant l’accent sur le caractère itinérant et le parcours international de son projet. S’appuyant sur l’Année Géophysique Internationale (AGI) qui réunit des scientifiques de plus de cinquante pays, l’exposition présente de nombreux panneaux à vocation pédagogique, des expériences auxquelles le public peut assister ou prendre part ainsi qu’un certain nombre d’équipements spatiaux fournis par les pays contributeurs les plus engagés dans l’aventure spatiale: les Spoutnik I et II soviétiques, la fusée-sonde Véronique française, les Vanguard américains (fusée et satellite) …

Si l’institution veut offrir l’accès à des connaissances scientifiques et techniques de qualité au plus grand nombre, il s’agit avant tout de mettre en valeur la qualité des collaborations internationales que centralise l’établissement. Le 12 décembre 1957, l’exposition ouvre ses portes à Paris avant de se tenir en Belgique, en Angleterre et en Tchécoslovaquie, pour se terminer en Pologne au mois de septembre 1960. Depuis 1950, l’UNESCO illustre en effet une part importante de sa politique culturelle grâce à des expositions internationales consacrées à la science. Le choix de thématiques scientifiques universelles vient renforcer l’engagement global de l’institution qui veut encourager la compréhension internationale. Ces dernières sont conçues pour être très didactiques et rencontrent souvent l’enthousiasme du public.

Quelques mois plus tard, Paris découvre sur les berges de la Seine une seconde exposition de grande ampleur dédiée à ces thèmes. Terre et Cosmos offre au public français l’opportunité d’approfondir encore ses connaissances sur les possibilités que recèle l’aventure spatiale. Tous les acteurs français concernés, civils comme militaires, ont accepté de prendre part à cette exposition qui se présente, après celle de l’UNESCO, comme la vitrine de l’effort consenti par la France dans des domaines scientifiques et techniques aussi divers que l’étude des fonds marins, les expéditions polaires de Paul-Émile Victor, la météorologie et les toutes nouvelles recherches sur l’Espace. La grande particularité de cette exposition est d’avoir été organisée par un l’Organisation mondiale de la Culture3 qui confie la réalisations de plusieurs décorations au peintre affichiste Paul Colin et présente des peintures murales réalisées pour l’occasion par Jean Cocteau.4

L’accélération de la course à l’Espace durant les années 1950-1970 dans un contexte de Guerre Froide, combinée à l’essor des industries culturelles, fait de l’aventure spatiale l’un des thèmes les plus inspirants de l’époque. En 1958, l’URSS expose toutes ses ambitions cosmiques et utopistes lors de l’Exposition universelle de Bruxelles tandis qu’Yves Klein présente Vitesse pure et stabilité monochrome dans la galerie parisienne Iris Clert. L’artiste y présente notamment sa nouvelle pièce, l’Excavatrice de l’Espace réalisée avec Jean Tinguely5.
Moins de deux ans avant la célèbre mission Apollo 11, Stanley Kubrick terminant 2001, Odyssée de l’Espace et David Bowie Space Oddity, l’aventure spatiale envahit toute la culture populaire. Pourtant ce n’est qu’en 1967 avec l’exposition Science Fiction organisée par Harald Szeemann que cette omniprésence est constatée, de même que la prédominance de la science-fiction dans tous les domaines culturels de l’époque.6.

Entre réalité imminente et promesse d’un futur radicalement nouveau, l’exposition veut rendre compte de la prédominance culturelle d’un genre nouveau. La science-fiction est partout, semble affirmer le commissaire d’exposition, elle peut prendre toutes les formes et surgir à toutes les époques depuis l’Antiquité jusqu’aux « astronautes d’après-demain ». Elle est l’expression des extensions possibles ou impossibles que nous imaginons à partir de notre présent.  La thématique spatiale tient une place dominante dans cette manifestation et s’exprime sous des formes aussi diverses que le cinéma, la mode, l’art plastique, la musique, la littérature ou encore les objets décoratifs et usuels. Au moment de l’exposition, les journaux et magazines sont remplis d’illustrations de projets astronautiques et, tandis que les enfants regardent à la télévision Wernher von Braun et les héros de Walt Disney décrire la conquête de Man in Space, les adolescents dévorent les bande-dessinées de Flash Gordon dans l’espace intergalactique pendant que les jeunes femmes modernes rêvent devant les robes futuristes d’André Courrèges.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Art, industrie et culture de masse sont ainsi réunis par le commissaire pour signifier l’universalité du thème. Formellement, l’exposition se veut immersive et invite le visiteur à pénétrer dans un univers sensoriel et une ambiance qui accompagne son propos. Le projet Science Fiction d’Harald Szeemann marque un tournant et va ouvrir la voie à un grand nombre de manifestations postérieures à 1969. Après la concrétisation de certaines promesses de l’Espace avec l’alunissage de la mission Apollo 11,  la critique et la prise de recul quant à l’aventure spatiale vont en effet prendre de plus en plus de place.

En mai 1985, l’exposition Première internationale Space Art / Art Espace est inaugurée à Paris sur une proposition de la Galerie Alain Oudin. Elle réunit les œuvres de Pierre Comte, Joseph MacShane, Tom Van Sant et Jean-Marc Philippe et présente leur travail de Space Art comme « l’invention artistique la plus prometteuse des années 1980 ».

Dès 1979, Pierre Comte fait le constat qu’avec les avancées que la technologie spatiale a connu au cours des précédentes décennies, l’humanité est en train de vivre une profonde mutation à laquelle, pour la première fois dans l’histoire, la production artistique ne participe pas. Jusqu’alors, l’art semblait en effet n’avoir abordé l’aventure spatiale que du point de vue de la représentation figurative ou abstraite. Le Space Art doit venir combler ce vide.

Si les artistes du Land Art s’approprient l’espace terrestre pour renouveler les matériaux artistiques, le Space Art veut, quant à lui, utiliser tous les aspects techniques et psychologiques de l’activité spatiale pour renouveler l’expérience de l’art. Cette activité artistique pourrait même influer sur le domaine spatial. Ainsi, l’exposition de la Galerie Alain Oudin réunit pour la première fois des artistes qui expérimentent l’Espace à travers des propositions qui sont autant esthétiques qu’opérationnelles et réalisables. Ce dernier n’est plus seulement un motif, il est devenu un nouveau terrain d’expression pour un dialogue Espace-Terre. Joseph McShane documente son projet de sculpture7 en orbite tandis que Pierre Comte présente des simulations du projet Arsat, premier happening dans l’Espace d’une étoile artificielle fabriquée comme une structure gonflable.

Depuis 1985, nombre de manifestations sur le thème de l’Espace mettent principalement en lumière l’aventure spatiale comme source infinie de projections dans tous les domaines. La grande exposition L’attraction de l’espace réalisée en 2009 à Saint-Etienne pour célébrer l’Année mondiale de l’Astronomie est un modèle du genre. L’approche pluridisciplinaire souhaitée par ses commissaires, mêlait des archives scientifiques du début du XXe siècle à des pièces de design, des œuvres d’art et des photographies ou encore à des projets d’architecture ou de cinéma. Comme s’il fallait prouver que rien ni personne n’échappe à une certaine fascination pour l’aventure spatiale.

Pourtant, d’autres expositions plus ou moins récentes organisées en Europe ont questionné l’Espace à partir de problématiques plus complexes, ayant moins le soucis de dresser un constat que celui de faire de tout ce matériau accumulé et produit le corpus d’un questionnement nouveau.

Ce fut le cas notamment des propositions Figures du Ciel et dix ans plus tard Cosmos. En Busca de los origenes produites respectivement en 1998 à la Bibliothèque nationale de France sur le site François Mitterrand et en 2008 à Santa Cruz de Tenerife. Il s’agissait dans les deux cas d’interroger les figures et formes cosmiques pour dresser des correspondances inédites entre des travaux issus de l’histoire des images autant que de l’histoire de l’art ou de l’histoire des sciences. Dans les deux cas, la grande nouveauté était de proposer une exploration visuelle de la pensée face à des thématiques auxquelles nous renvoie le cosmos que nous observons comme pour démontrer que l’Espace encourage toujours de nouveaux questionnement.

Très récemment encore, l’exposition Musée de l’art extraterrestre inaugurée en 2012 continue d’interroger notre rapport aux images et objets issus de notre histoire spatiale. S’il devait être créé, à quoi ressemblerait un musée consacré à l’art extraterrestre ? Serait-il possible d’imaginer une institution qui collecterait et rassemblerait les formes artistiques extraterrestres à la manière d’un musée d’ethnographie ? Ces questions furent introduites en 2010 par le travail de Renaud Loda, rejoint ensuite par le critique d’art et commissaire d’exposition Christophe Kihm et par Peter Szendy, auteur de l’ouvrage intitulé Kant chez les extraterrestres sorti en 2011. Ensemble, ils imaginent le premier Musée de l’art extraterrestre qu’ils présentent du 27 janvier au 25 février 2012 à l’Institut curatorial de la Haute École d’Art et de Design de Genève.

Les pièces exposées à cette occasion – qui sont ici toujours des reproductions d’œuvres-  nous mettent face à un ultime constat : ce que nous considérons comme les promesses de l’Espace sont sans doute nos propres fabrications mentales. Existe-il réellement une production d’œuvres et d’images qui seraient proprement issue de l’Espace ? Ainsi l’évidence se dessine : l’histoire de l’aventure spatiale ne peut être détachée son appropriation par l’histoire culturelle et politique. Les promesses de l’Espace sont les discours que nous lui avons fait porter.

nota bene : en tant que Chargée de recherches pour l’Observatoire de l’Espace à l’occasion des Journées du Patrimoine, l’article ici témoigne du travail réalisé pour l’occasion. Le projet d’exposition a été imaginé par Gérard Azoulay, Directeur de l’Observatoire de l’Espace et l’équipe de recherche constituée notamment de Francis Baros, Hervé Moulin et Jacques André.
  1. L’ensemble des quinze expositions ne sera pas détaillé dans cet article
  2. Mouvement proche des milieux anarchistes, convaincu de l’imminence du vol spatial et qui prévoyait un détachement interplanétaire
  3. Cette institution n’existe plus aujourd’hui
  4. Jean Cocteau semble avoir été très présent lors de diverses manifestations de l’époque liées au cosmos. Il inaugure par exemple l’exposition Les techniques au service de l’Homme au Pavillon de l’URSS pour l’Exposition universelle qui se tiendra à Bruxelles la même année.
  5. Bien que relativement courte (1954-1962), la carrière d’Yves Klein correspond à la période charnière des prémices historiques de l’aventure spatiale. Comme toute sa génération, il fut marqué par les lancements des satellites Spoutnik et comme nombre d’artistes, il fut sensible à ce projet d’échapper à l’attraction terrestre. L’Espace est un concept primordial dans le travail de l’artiste qui mène lui aussi une conquête spatiale, mais poétique et spirituelle au lieu d’être technologique et scientifique. Le 3 juin 1959, à l’occasion d’une conférence donnée en Sorbonne sur le thème de « L’évolution de l’art vers l’immatériel », Yves Klein affirmait même : « Je pense pouvoir dire avec bon sens ce soir que ce ne sera pas avec des rockets, des Spoutnik ou des fusées que l’Homme réalisera la conquête de l’Espace car, ainsi, il resterait toujours un touriste dans l’Espace ; mais c’est en l’habitant en sensibilité, c’est-à- dire non pas en s’inscrivant en lui, mais en s’imprégnant, en faisant corps avec la vie elle-même qu’est cet espace où règne la force tranquille et formidable de l’imagination pure ». L’artiste nous suggère de conquérir l’Espace par le biais de la sensibilité que propose l’art.
  6. Directeur de la Kunsthalle de Berne depuis six ans, Harald Szeemann y organise en 1967 une grande exposition intitulée Science-Fiction. Cette dernière ouvre ses portes une seconde fois au Musée des Arts Décoratifs de Paris, du 28 novembre 1967 au 26 février 1968. Elle fut réalisée avec l’aide de plusieurs collectionneurs privés et notamment Pierre Versins dont la collection est le fonds principal de La Maison d’Ailleurs, Musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires.
  7. Il s’agit là de la première œuvre réellement réalisée hors de la ligne de Karman, à 100 km de la Terre, considérée comme la frontière entre l’atmosphère et l’Espace. Cette œuvre est une sculpture sphérique de Joseph McShane, lequel « emprisonna » en 1984 du vide spatial dans des conditions d’impesanteur.

Viewing all articles
Browse latest Browse all 4

Latest Images

Trending Articles





Latest Images